Ma communication à ce colloque organisé les 1O et 11 octobre 2013 par l'Institut historique du temps présent, le CERMOM de l'INALCO, le Centre d'histoire judiciaire de l'Université de Lille II et le Réseau de Recherche interdisciplinaire "Colonisations et décolonisations" portait sur :
" l'Etat algérien sous Boumediene : une forme sui generis?"
En voici le résumé:
L’objet de cette communication privilégiant une approche pluri-disciplinaire est d’analyser comment l’Etat algérien s’est construit sous la présidence de Boumediene(1965-1978). Il s’agit de voir que le pouvoir algérien a effectué des emprunts à des formes traditionnelles associées à l’idéologie arabo-musulmane tout en faisant preuve d’un volontarisme modernisateur. Il a cherché à s’émanciper des héritages coloniaux en se positionnant sur la scène internationale comme un champion du non alignement, de la lutte anti-impérialiste et du soutien aux mouvements de libération nationale en profitant du prestige de la lutte pour l’indépendance du peuple algérien. Les trois révolutions promues par ce régime, la révolution agraire, industrielle et culturelle sont analysées. Pour autant, le legs colonial demeure encore important dans les institutions de ce régime, ne serait-ce par les pratiques autoritaires, en dépit de la volonté de sortir du tête à tête avec la France. Néanmoins, il s’agit également de montrer que d’autres influences se font jour, celle de l’Egypte ou celle des pays de l’Est. Les sources juridiques peu traitées jusqu’à maintenant le montrent. C’est un des apports méthodologiques visés par cette communication : montrer que le droit en tant que science sociale est un vecteur utile pour la connaissance de l’historicité des sociétés tout en soumettant à la critique ces sources juridiques qui reflètent davantage le point de vue des dominants que celui des dominés. Le droit est une source parmi d’autres qui permet d’étudier la nouvelle classe militaro-civile qui prend le pouvoir sous Boumediene dans le cadre d’un capitalisme d’Etat rentier et qui s’impose comme une nouvelle bourgeoisie dominante. Elle construit sa légitimité en instrumentalisant à son profit la rente symbolique de la mémoire de la lutte menée par le peuple algérien contre son ancien colonisateur.