Dans les années 1970, Georges-Henri Rivière, le fondateur du Musée national des Arts et des traditions populaires surnommé le « magicien des vitrines » accepte d’intervenir en Algérie en tant que conseiller de l’ICOM et de l’UNESCO pour aider à la création d’un Musée national du mujâhid en Algérie dans la prison Barberousse/Serkadji, où ont été enfermés les plus célèbres nationalistes algériens et où ont été exécutés pendant la guerre d’Algérie des militants du FLN condamnés à mort. Il s’agit d’étudier le caractère exceptionnel de cette expérience dans un régime réputé autoritaire tout en montrant les raisons de son échec et de son oubli. La culture de guerre, le mythe d’une indépendance perdue et retrouvée par les armes, qui marque la mémoire de la guerre d’indépendance algérienne est-elle responsable de l’abandon de cette première tentative de sauvegarde, d’organisation et de présentation au public du patrimoine de la guerre d’indépendance algérienne ? Qu’y avait-il finalement de dérangeant pour l’armée algérienne dans cette expérience? Pourquoi ce projet de création d’un musée dans un lieu de souffrance associé dans la mémoire aux luttes anti-coloniales refait-il sa réapparition aujourd’hui ?